Gestion des émotions: quelques conseils
🌟 Gestion des émotions: la croyance commune veut qu’on doit éliminer toute souffrance pour être heureux ou faire ce qui nous tient vraiment à cœur. Mais d’où viennent ces stratégies de contrôle sur nos pensées et émotions intérieures?
🔧 Dans notre environnement externe, nos stratégies de contrôle fonctionnent généralement bien. Elles nous permettent par exemple de fuir ou de lutter contre toute source de danger pour assurer notre survie, ou encore de solutionner des problèmes concrets. Par exemple: je suis sur un passage piéton, une voiture arrive en trombe. Grâce à tout un tas de réactions en chaîne, je vais possiblement être en capacité de courir pour éviter la voiture qui arrive. Ou encore: sur mon chemin pour aller au travail, je peux, après analyse de la situation, éviter un embouteillage en prenant un itinéraire alternatif.
🧠Nous appliquons souvent ces mêmes stratégies à notre monde interne et à la gestion de nos émotions. Malheureusement, quand il s’agit de nos pensées et émotions, la fuite, la lutte ou la recherche de solution n’offrent pas toujours de solution durable. Et ces tactiques ne fonctionnent souvent pas sur le long terme. Bien souvent, plus on essaie de supprimer nos pensées ou émotions difficiles, plus elles reviennent de manière fréquente et intense: c’est ce qu’on appelle l’effet-rebond de la suppression. Ce qui en retour va en général entraîner davantage d’efforts de notre part pour s’en débarrasser de nouveau. On se retrouve alors coincé.e à essayer de lutter contre ce qui se passe en nous. Ce qui ne nous laisse plus beaucoup d’énergie et de ressources attentionnelles pour faire ce qui est profondément important pour nous.
🥊D’ailleurs, cette lutte rigide est corrélée à un grand nombre de psychopathologies tels que les troubles de l’humeur ou les troubles anxieux.
🚪Imagine que tu es chez toi, c’est un dimanche, tu es tranquille, quand soudain, quelqu’un frappe à ta porte. Tu regardes par le judas et tu réalises que c’est une tante que tu n’aimes pas beaucoup, qui est parfois ennuyeuse, parfois colérique. Imagine maintenant que tu décides de te cacher ou même d’essayer de bloquer la porte pour l’empêcher d’entrer. Ta tante va probablement redoubler d’effort pour que tu la laisses entrer: elle va sonner, frapper de plus en plus fort à la porte. Tu pensais que l’éviter te permettrait de passer un moment au calme à faire ce qui te plait. Mais tu te retrouves à lutter pour essayer d’ignorer ta tante qui s’énerve sur la porte, tu luttes contre l’anxiété, l’agacement, la frustration et… tu n’arrives finalement pas à faire ce que tu avais envie de faire ce dimanche.
Concernant la gestion des émotions, la thérapie ACT propose quelque chose de différent. Plutôt que de lutter contre cette tante désagréable, de la repousser, d’essayer de la convaincre de partir, ou d’essayer de l’ignorer en te cachant, tu peux envisager de lui ouvrir la porte, lui permettant de passer sans monopoliser ton attention. On peut imaginer qu’elle est là, qu’elle circule de pièce en pièce, que parfois elle vient te voir, mais pas très longtemps car tu décides de ne pas lui donner toute ton attention. Ainsi, tu peux vaquer à tes occupations, malgré la présence de ta tante chez toi (qui va probablement partir plus vite que tu ne le penses, mais ça je te laisse l’expérimenter si tu le souhaites 😉
🌱La thérapie d’acceptation et d’engagement nous guide pour identifier notre lutte intérieure, et nous accompagne pour adopter une attitude d’accueil envers nos émotions, et pensées. Elle nous apprend à prendre du recul sans chercher à les effacer, libérant ainsi du temps, de l’énergie et de l’attention pour agir selon ce qui compte vraiment pour nous, même en présence d’émotions négatives. Si tout cela semble simple en théorie, c’est tout à fait normal qu’en pratique cela soit beaucoup plus complexe à mettre en œuvre. C’est ok de prendre du temps pour explorer ton fonctionnement et expérimenter d’autres manières de faire. N’hésite pas à te faire accompagner si tu le souhaites!
💬 Je te propose de prendre un instant pour y réfléchir: peut-être peux-tu retracer le dernier moment où tu t’es senti.e en lutte contre tes émotions ou tes pensées. Je te propose de te poser les questions suivantes, sans juger ton expérience, avec curiosité:
- Est-ce que ça a marché?
- Si oui, qu’est-ce qui a marché?
- Est-ce que ça a fonctionné à court terme?
- Est-que ça a fonctionné à long terme?
- Est-ce que ces stratégies de contrôle t’ont permis de te rapprocher de ce qui compte pour toi? De faire ce qui compte pour toi?
- Qu’est-ce que ces stratégies t’ont coûté (en termes de temps, d’énergie, d’argent ? )